6.1.12

Rebelle province

Quand figent les jours surgelés
au chaud dans notre indifférence
dans nos cabanes enneigées
en ce que fut la Nouvelle-France,
tranquillement coulent siècles,
v’là la révolution révolue,
on reste assis sur not’Québec
qu’on soit Caquiste ou du PQ.

On est pas gros en vérité
à avoir souvenance de Monkton
de Scott, de Wolfe et de Murray
incendiaires sans vergogne.
Au nom de l’Empire Britannique,
mille fermes à feu et à sang,
dans une guerre stratégique
y faut faire fi des innocents.

Quand on exécuta de glace
quelques fils de la liberté
parce qu’ils en avait plein leur cass’
et le cœur pur des chevaliers.
On su que face à la machine
faut pas ruer dans les brancards
la mémoire plie comme les échines
mais moé, je m’en souviens encore

Habitants d’la Rebelle province,
attendant un heureux printemps,
la glace du Lac Saint-jean est mince,
comme l’espoir d’être indépendant

Quand il fut parole d’évangile
c’qu’on racontait à la radio
que les manifestants en ville
n’avaient qu’le chaos comme credo.
On bénit les chefs de police,
les présidents et les ministres.
On devint nous-mêmes complices
des ces plutarques plutôt sinistres

Je me souviens d’un mois de mai
en 80, le 20 au soir,
d’une libération manquée
d’un ciboire de coup d’assommoir.
Je revois tous ces paillassons
effrayés par leur différence,
votant pour un oui pour un non
dans les effluves de flatulences.

On célèbre le vingt-quatre de juin
la surprise d’être encore en vie,
aurions bien pu être cajuns
encore plus loin de la patrie.
On se rappelle de quelques bombes
de la démesure du plus fort
ceux qu’en cellules, furent mis à l’ombre
c’tait pas tous des Francis Simard

Habitants d’la Rebelle province,
sans dessein de colonisés
même la princesse et son prince,
viennent faire leu’tour pour nous l’rappeler.

On déménage tout le forfait
le jour d’la confédération
comme si on soulignait le fait
qu’notre pays est en location.
Reconstitutions militaires
et propagande à coup d’millions
On oublie vite dans une bonne bière
jusqu’aux vacances d’la corruption

Le temps doux s’étends dans l’été,
dans ce rude pays fait d’hiver
on commençait juste à griller
que les feuilles retournent à la terre
les écoliers s’entassent classe
se faire raconter des histoires
et d’entourloupettes en passe-passe
on agrandit not'trou d’mémoire

Habitants d’la Rebelle province
Par moment, on fait vraiment dur

je crois rêver mais je me pince
on est toujours au pied du mur

Aux oubliettes, ce 30 d’octobre,
référence au référendum,
ostentant des intentions nobles,
les Canadians ont mis la gomme.
Ils parcoururent à fond de train
le Québec chantant leur amour
aux Québécois teniant la main
car plus on aime et mieux on fourre

Et vient le jour du souvenir,
le gouverneur se pomponne
faites-moi donc pas mourir de rire
il n’y a pas pire son of a gun
Il faudrait que le mot paix rime
avec ces frenchies au peloton,
qu’on envoyait en première ligne,
finir en poutine à canon

L’année s’éteint dans l’overdose,
trop de Ricardo, trop d’cadeaux
qu’un peu de pain et quelques roses,
pour les indignés des ghettos,
On se lustre bien la conscience,
la charité dans l’allégresse
mais on va dès qu’l’année commence
vomir sa dinde sur les B.S.

Habitants d’la Rebelle province
mourir en attendant l’printemps

les eaux du Saint-Laurent qui rince
bien à fond nos culs d’habitants.


(librement inspiré de L’Héxagone de Renaud Séchan)

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